Je suis l'illustratrice que vous avez rencontré samedi au salon Pop'up. Enfin, celle qui vous a littéralement sauté dessus pour ne plus vous lâcher.
J'aimerai vous expliquer le contexte car, en effet, je n'étais pas vraiment moi-même. Dans les faits divers, ils appellent ça "deux minutes de démence passagère". Vous savez, quand les gens mélangent antidépresseurs et alcool, ce genre de cocktail qui fait qu'on se retrouve à mitonner la tête de sa voisine dans sa cocotte Seb avec un bouquet garni et des petits oignons nouveaux en sifflotant joyeusement… Bon, dans mon cas, ce n'est ni le Prozac, ni la Vodka vu que ça fait presque 15 ans que je ne me suis pas retrouvée en train de danser sur une table avec la culotte sur la tête… Non.
C'est juste trois tonnes de fatigue accumulée depuis plusieurs mois, + un gros bin's de santé à peine réglé la semaine passée, + 4 h de voiture pour faire Nantes-Paris la veille, + le stress de l'installation du stand au salon, + la gestion du-dit stand et la journée qui s'étire mollement…
Bon, tout ça pour vous dire que vous êtes arrivé pile-poil au bon moment.
Vous vous promeniez tranquillement, talonnant votre fille tel le papa vigilant qui sait qu'un petit bout de chou, ça met à peu près un dixième de seconde à faire une connerie, tomber, se perdre…
Elle a déboulé sur mon stand du pas assuré de celle qui maîtrise la technique de la marche depuis environ 6 semaines 1/2, s'est dirigée tout droit sur mes tableaux, les deux bras tendus, en baragouinant un truc quon a tenté en vain de traduire ensemble… Ça aurait pu s'arrêter là car sur le coup, je ne vous ai pas plus calculé que ça. Et puis mon cerveau a eu comme un éclair de lucidité.
"- On dirait Didier Wampas" ai-je marmonné à ma copine Delphine, histoire d'être un poil discrète.
"- Didier qui ?" elle m'a dit.
Faut l'excuser, son truc à elle, c'est plutôt Benjamin Biolay. Sans vouloir balancer, elle a même été jusqu'à l'attendre un soir après un concert pendant des heures, planquée dans sa voiture, tout ça pour prendre ses chaussures en photo… mais c'est une autre histoire.
- Les Wampas ! Tu sais, Rimini, Les bottes rouges, mes classiques quoi !"…
"- Ha ouais… je ne sais pas." elle a dit, dubitative.
On a commencé à reluquer dans votre direction pour trouver des indices potentiels. Une poucette Mac Laren, une besace Rock'n roll, une compagne avec des shoes gothiques… Ça se tenait assez. Comme je commençais à m'agiter fébrilement, Delphine m'a conseillé d'y aller franco, que ça ne me coûterait rien, au pire un vent sans conséquence.
Alors je me suis lancée. "- Excusez-moi,vous êtes Didier Wampas ?"
"- Oui."
Pétage de plomb interne et cœur qui s'emballe. Ridicule.
"- Ha mais c'est dingue, vous savez que je vous kiffe grâve !"
"- ... !"
Mais qu'est-ce qui m'a pris ? JAMAIS je n'emploie cette expression uniquement dédiée aux bandes d'ados boutonneuses !!!!
Bon, je ne me démonte pas et vous explique alors que, c'est incroyable, sur l'en-tête de mon blog, j'ai écrit "I love Didier Wampas", que j'allais à tous vos concert quand j'avais 20 ans, des tresses, un teddy Sheerleaders et des doc's cockées", que je suis une fan de toujours et je ne sais plus quels autres détails de ma jeunesse vouée au rock indé…
Vous, vous répétiez "- Ha bon ?, ha bon ?" tout le temps. Delphine vous a dit "Vous savez, elle passe son temps à nous casser les pied avec les Wampas dans nos soirées !" et ça vous a fait sourire. Vous avez gentiment accepté de faire une photo avec moi et j'ai pensé, "- Ça va faire un super post pour mon blog !"
J'ai offert un miroir rose à votre fille, lui ai dit qu'elle avait drôlement de la chance de vous avoir comme papa (sous-entendu, " - Tu vas bien te marrer avec lui, tu verras")…
J'ai regretté d'avoir mangé une salade saturée d'échalotte une heure avant quand vous lui avez dit : -"Tu fais un bisou, tu dis merci !…". Elle s'est exécuté en se demandant qui j'étais, et je me suis dis "- Voilà petite fille, tu vas découvrir ce que c'est d'avoir un papa connu. Dans ton cas, ça ne devrait pas être trop pénible. Et puis il va t'écrire plein de belles chansons, et tu vas voir, sur scène, ça vaut le détour !".
J'ai dû mettre une heure à me calmer, les potentiels clients ont dû me trouver un quelque peu hystérique, je leur expliquais qu'il m'étais arrivé un truc de fou, que j'avais rencontré mon idole, et ils disient "- Ha bon ?, ha bon ?" eux-aussi.
Puis la fatigue a repris le dessus et j'ai compté les heures qui me séparaient de mon homme et de mon home, à Nantes.
Voilà, cher Didier, il ne me reste plus qu'a vous dire merci. Merci d'avoir pris 5 minutes pour moi, merci de m'avoir donné une vraie belle émotion, de m'avoir rappelé que j'ai toujours mon p'tit cœur Rock'n roll qui bat… de m'avoir rendu super heureuse, le temps d'un instant.
Allez, j'ai pas osé le faire à Paris (vous savez, les échalottes !), alors, virtuellement, je vous embrasse.
Bénédicte VOILE
PS : Merci Delphine pour les photos, pour l'organisation, pour tout en fait !
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